jeudi 1 mai 2008

La vie par chapitres

"Moi, je vis ma vie par chapitre.", me disait récemment une charmante interlocutrice. Que voilà une manière de voir qui ne me déplait pas!

Ainsi, nous passons de chapitre en chapitre, n'en ouvrant un nouveau que parce que l'on a clôturé le précédent. Quoique... certains d'entre eux résistent à leur conclusion. Ils ont alors une méchante tendance à venir perturber celui en cours nous obligeant à user d'autorité en leur donnant une fin bien souvent quelque peu brutale.

Les chapitres se succèdent ainsi pour former un livre dont nous n'écrirons jamais l'épilogue car, après le dernier chapitre, nous n'écrivons plus.

Et puis, les chapitres des autres viennent se mêler aux nôtres.

Du coup, les lignes se mélangent, s'entremêlent, s'entrecoupent, s'enlacent, se confondent, se fécondent mutuellement ; les mots deviennent dessins, les dessins peintures qui se brouillent progressivement. Le flou s'installe puis se dissipe pour laisser à nouveau la place aux mots.

Tout ces livres entrelacés par bribes de chapitres forment alors un grand livre qui ne se terminera vraisemblablement jamais.

Mais sois assurée, très chère interlocutrice, que je n'écrirai rien dans un de tes chapitres sans ton explicite autorisation.


Images : Stella Im Hultberg, "High over yonder" et "Can't disappear"

4 commentaires:

Claudia a dit…

Très cher interlocuteur,

Il est parfois intéressant de vivre par chapitre, disons que c'est une vie "moins ordinaire", chaque chapitre nous apporte ses lots de bons et de mauvais moments, ainsi nous pouvons nous baser sur les échecs afin d'améliorer notre futur.
Pour ma part, je préfèrerai en vivre un plus long la prochaine fois ! Mais je n'ai aucun regret...
Je garde hélas de vraies plaies ouvertes dans mon coeur, que je tente peu à peu de refermer. Cela prend beaucoup de temps, d'énergie, de réflexions et de passages entre divers états d'âme.

Je te remercie pour ces lignes, elles sont tout simplement superbes.

Ben le Belge a dit…

C'est vrai que lorsque les chapitres se mélangent, nous ne sommes alors plus seuls à décider de leur durée.
Les plaies finissent toujours par se refermer, nous laissant des cicatrices invisibles dont le but est de nous rappeller ce qu'il est préférable d'éviter.

Bien content que ça t'ai plu en tout cas !

Danseuse du sud a dit…

J'adore cette idée de chapitres, d'entrelacement, de vies qui se croisent, de récits qui se confondent ... parfois.

Les blessures nous fond grandir, apprendre, renoncer à ce qui s'éloigne de nos désirs, choisir ce qui nous fait vibrer.

Nous avons tous appris à marcher en tombant et c'est parce que nous avons acceptés ce risque que nous pouvons vivre debout, aujourd'hui : alors ne vaut-il pas mieux se tromper que de ne rien éprouver ? C'est ma question quotidienne :-)

Cathie

PS : les illustrations sont magnifiques, merci pour ce partage.

Ben le Belge a dit…

C'est vrai que les illustrations valent le détour. Elles sont l'oeuvre d'une artiste new-yorkaise. Son site est pas mal du tout et, via celui-ci, il est possible d'accéder à son blog (http://in-spite-of-all.livejournal.com/), très riche en dessins et autres "fun stuff" comme ils disent là-bas.