lundi 24 mars 2008

A Samuel, l'Intrépide !

Toi qui ne remplit pas encore la main de ton père
Et qui te demandera plus tard à l'instar de cette mère
Venue sur la tombe de sa fille au fin fond du Missouri
En se demandant ce qu'elle avait bien pu trouver à William Munny
Ce qu'il pouvait bien avoir à faire
Avec ce Charlie, ce pauvre hère
Calé, là-bas, en contrebas d'un terril dans cette Belgique humide
Là où l'industrie certains jours laisse dans l'air une odeur fétide
Alors tu l'interrogeras
Et il te racontera
Ces soirées d'anthologie
Où l'on profitait jusqu'à la lie
De notre amitié.
Ces soirs-là...
Dédé tapissait le fond de sa vieille gamelle d'un Herve bien fait,
Panda scrutait les étoiles - paraît qu'elles sont rudement bien foutues! -,
Fouine s'épanchait sur les mérites de ce bon vieux vinyl,
Pauline se blottissait un fois son pousse en main dans un plaid,
Ta maman scrutait le moindre "nègre" qui oserait sortir d'une bouche,
Anne-Takerine à cette heure pâle de la nuit ne disait plus grand chose,
Stéphane se resservait de cet excellent whisky amené par un convive averti,
Isabelle se demandait s'il était bien raisonnable d'en reprendre un,
Ton père s'éveillait de sa sieste coutumière, les narines titillées par le fumet du fondant,
Moi, je buvais, je réfléchissais ou divaguais, généralement les trois je faisais.
Tout cela, mon bon Sam, n'a rien avoir avec la nostalgie,
C'est juste des moments essentiels de vie !

vendredi 7 mars 2008

Garçon ! Un peu d'Villon, SVP !

Je plains le temps de ma jeunesse (extrait)

Bien sait, si j'eusse étudié
Du temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes moeurs dédiés,
J'eusse maison et couche molle.
Mais quoi ! Je fuyais l'école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
A peu que le coeur ne me fend.

Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie

Car ou soies porteur de bulles,
Pipeur ou hasardeur de dez,
Tailleur de faulx coings, tu te brusles,
Comme ceulx qui sont eschaudez,
Traistres parjurs, de foy vuydez;
Soies larron, ravis ou pilles:
Où en va l'acquest, que cuidez?
Tout aux tavernes et aux filles.

Ryme, raille, cymballe, luttes,
Comme fol, fainctif, eshontez;
Farce, broulle, joue des fleustes;
Fais, es villes et es citez,
Farces, jeux et moralitez;
Gaigne au berlanc, au glic, aux quilles.
Aussi bien va -- or escoutez --
Tout aux tavernes et aux filles.

De telz ordures te reculles;
Laboure, fauche champs et prez;
Sers et pense chevaulx et mulles;
S'aucunement tu n'es lettrez;
Assez auras, se prens en grez.
Mais se chanvre broyes ou tilles,
Ne tens ton labour qu'as ouvrez
Tout aux tavernes et aux filles.

Chausses, pourpoins esguilletez,
Robes, et toutes voz drappilles,
Ains que vous fassiez pis, portez
Tout aux tavernes et aux filles.

mardi 4 mars 2008

Morphée & Rimbaud

Je m'enfonce sous l'édredon. Je ne trouve pas le sommeil. Alors, je rive solidement les écouteurs dans mes oreilles, sélectionne l'envoûtant "The End" des Doors et me plonge dans l'univers rimbaldien. De page en page, de versets en vers et de vers en versets, j'avale avec une certaine frénésie. Je passe de la page 12 à la 245 puis la 50 puis la 101 retour à la 12 puis table des matières, des titres me parlent, j'y vais, j'y cours, volent les pages...

Je cale soudainement sur 4 lignes.

Morphée est là, sourie à Arthur, me gratifie d'un regard doux et rassurant. J'ai juste le temps de transmettre les 4 à ma Préférée qui les trouvera demain en allumant son portable. Pas sûr qu'elle y sera sensible : les réveils n'ont souvent rien de poétique pour une maman.

Ca y est. Mes paupières descendent lentement. Je m'endors en paix pendant qu'ils devisent gaiement. Tient, Jim les rejoins...

A quatre heure du matin, l'été
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bosquets l'aube évapore
L'odeur du soir fêté


Image de Morphée tirée de la couverture du "Labyrinthe de Morphée" de YUKA Suzuki (dessinateur) et MORI Hiroshi (scénariste) aux éditions du Soleil.