jeudi 13 décembre 2007

Un tapis de dollars...

Les hasards de la vie m'ont permis d'assister ces derniers temps à deux événements liés à la numéro un mondiale de tennis, notre/onze/unsere Justine (en trois langues, ainsi en va-t-il de mon petit pays).

Loin de moi l'idée de critiquer Justine que je connais un peu et dont il faut souligner les qualités sportives indubitables : un professionnalisme jusqu'auboutiste, une volonté hors du commun et un fair-play pour ne citer que celles qui me marquent le plus.

Elle est aussi une jeune femme de 25 ans, au plein sens du terme, avec les certitudes, les doutes et les interrogations de n'importe quel être humain à cette période de sa vie, avec, aussi, les moments magnifiques où elle participe à la vie et ceux où elle souffre de sa conscience universelle.

Non, l'objet de ce billet est le sentiment d'instrumentalisation qui m'a habité lors de ces deux cérémonies. En fait, comme un refrain lancinant, m'est revenu cet extrait d'une chanson de Lavilliers écrite à propos de Jim Morrisson qui, s'il ne l'a dit ou écrit, l'a très certainement ressenti.

Je ne suis qu'un produit, un tapis de dollars
Je ne suis qu'un paumé, cynique et dérisoire
Je ne suis qu'un bouffon planqué sous ses paillettes
Je ne suis qu'une chanson, qu'on presse et puis qu'on jette

(in "Plus dure sera la chute").

Le refrain donne le ton : Jim Morrisson, à moitié évanoui sur scène pour cause de trop de tout, voit venir la fin et porte un regard lucide sur ce qu'il est devenu : un produit.

En soi, cela n'a rien d'une révélation. Il est vrai que c'est comme cela depuis déjà longtemps et que le phénomène n'a fait que s'accélérer. D'abord, on met en exergue - et c'est pleinement justifié ! - la performance sportive ou artistique. Puis, petit à petit, on construit autour de l'individu une sorte de cocon douillet : on le starifie. Une fois ce niveau atteint, le voilà devenu bankable. On le presse alors au maximum et on exploite tout ce qu'on peut : amours, amitiés, régime alimentaire, opinions politiques, ... . On en fait des icônes auxqelles s'identifient un certain nombre de personnes. Au final, leur opinion sur à peu près n'importe quoi devient pour le fan une opinion autorisée.

Ce n'est pas très grave tant que l'on reste sur le terrain de la vie personnelle. Beaucoup plus grave est celui qui consiste à en faire des portes-drapeaux de leur pays d'origine. C'est particulièrement flagrant dans le sport où, par ailleurs, la plupart d'entre eux n'y résident plus pour des raisons fiscales.

Qu'on ne s'y trompe pas : je n'ai absolument aucun reproche à adresser à ces personnes. C'est leur choix et je n'ai pas à le juger.

Cependant, restons cohérents. A partir du moment où on fait ce choix, on ne peut plus prétendre à être le porte-drapeau de son pays d'origine parce qu'honnêtement avec ce qu'ils reçoivent pour pratiquer leur passion, même si la fiscalité est lourde, il reste encore beaucoup pour vivre.

L'incohérence est encore plus grande quand j'entends les hymnes nationaux sur les podium de la F1. Comment peut-on encore prétendre être italien quand les pilotes sont finlandais et brésilien, le directeur français, l'ingénieur anglais, .... ? Et il en est de même pour toutes les écuries. Ca n'a plus aucun sens.

La nationalité dans le sport de haut niveau est anecdotique. Et elle l'est d'autant plus que, pour arriver à ce niveau, la plupart des sportifs doivent confiner l'individualisme jusqu'à une certaine forme d'égocentricité.

Alors, à la poubelle les drapeaux. Cessons cette mascarade et admirons simplement la performance pour elle-même !

Justine, continue à développer ton art. Continue à faire ce genre de coup dont tu as le secret. Tu sais, ceux où tu récupères la balle dans un équilibre précaire et qu'en plus tu arrives à la placer là où l'adversaire ne l'attendait pas.


jeudi 6 décembre 2007

Le menu du marché...

Tout ce qui suit est intuitif
Improvisé
Pas corrigé
Drôle de soirée
Pleine d'illuminés
Je rentre et voit Cauet
Qui chante avec Bruel
Toujours le même topo
Que de l'événementiel
Ca vaut pas une truelle
Je pense à Léo
à Jacques
à Bernard
à François
à Rimbaud
à Verlaine
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue
Que j'aime
Qui m'aime
Et me comprend
Billevesées, sottises, ...
Existe-t-elle seulement ?
Et après tout, en ai-je besoin ?
Ne sais-je vivre sans elle ?
Elle m'emmerde
M'obsède
Pourrit ma vie
Gêne mon bonheur
Et pourtant occupe mon coeur
Elle remplit mes pensées
Ne peut-on vivre seul ?
Me voici moi l'anar
Coincé, pris, emprisonné,
Enchainé par une chimère
Merde,
Je voudrais seulement...
qu'on me foute la paix!
40 ans, c'est trop fatiguant
Trop flippant
Et pourtant...
Je ne puis supporter son absence...

mercredi 17 octobre 2007

Perfidie gynogène

A toi qui passe dans ma vie
Qui prend des airs de mie
Qui me laisse entrevoir
Qu'un jour peut-être
Un jour... presque sûrement
Je pourrai caresser l'espoir
De devenir ton amant
Las! Tu joues sur plusieurs plans
Qui se montrent plus présents
L'un particulièrement avenant

Je le découvre brutalement
Regards très appuyés
Baisés à peine cachés
Rumeurs qui se font vérités
Me voilà déposé !
D'amant, je deviens Tristan
Et la voile se fait noire

Tu n'es pas une
Tu es plusieurs
Bien vite que je te ferme mon coeur
Avant qu'une fois de plus
Une fois de trop
Tu me le brises...

mercredi 26 septembre 2007

L'identité francophone, cette billevesée !

Ce qui me gêne dans tout ce qu'on entend à propos de l'identité francophone, c'est qu'on nous enjoint à créer une identité francophone en réaction à l'identité flamande. Il s'agit donc de créer une identité contre une autre. Ca augure déjà du potentiel conflictuel que revêtira cette identité sans compter que si la seule base de cette identité est celle-là que fera-t-on une fois le conflit règlé (quelle que soit son issue) ? L'identité s'écoulera d'elle-même.

Un autre point important est l'adjectif utilisé : "flamande" dans un cas, "francophone" dans l'autre. Gros problème de sémantique. On n'est pas francophone par identité, on l'est par sa langue. Il en est d'ailleurs de même pour nos amis néérlandophones et germanophones.

Il est aisé de comprendre la raison de cette grossière erreur : l'adjectif "wallonne" ne serait accepté ni par les bruxellois ni par les germanophones. Peut-être faudrait-il utiliser l'adjectif "fransquillonne" qui aurait le mérite de donner un reflet juste de la valeur de cette pseudo identité...

Pour ma part, je n'aime aucune identité. Bien entendu, je suis liégeois sans en être exagérément fier et sans que cela ne constitue pour moi une nationalité. Je dois avouer que belge correspond bien mieux à ce qui définirait mon identité. Mais francophone ou même wallon ne me parle pas. Je me sens bien plus proche de mes voisins limbourgeois que des Picards de wallonie ou des carolos ou même des bruxellois. Ca ne m'empêche pas d'apprécier ce qu'ils sont. Et puis belge, ça dit bien ce que ça veut dire : des gens différents qui ont en commun un grand sens du surréalisme et de l'humour sur soi-même et cela du nord au sud et de l'est à l'ouest.

Et de toute manière, ce qui est intéressant dans les identités, c'est quand elles se mélangent, s'entremêlent, se fécondent mutuellement pour donner une identité plus large, plus tolérante, plus ouverte et plus riche. Toute attitude défensive qui consiste à défendre bec et ongle son identité contre une autre me paraît totalement stérile et dépassée pourvu, bien entendu, que cette dernière n'ait pas volonté de remplacement.

Alors, à tous ceux qui voudraient nous obliger à nous aligner sur une identité quelle qu'elle soit, foutez-nous la paix/loop naar de maan !

mercredi 12 septembre 2007

Albondigas à l’instar de Me Jacques

La recette qui suit vient de l'épopée des samedis gourmands de la Goutte d'Or qui n'est pas un quartier de Paris mais bien un estaminet où le surréalisme s'acoquine avec l'esprit festif liégeois pour donner des moments de franche rigolade.

Un convive, ce jour-là : "Y'a de l'aïl là-dedans ?".
Me Jacques (le cuistot) : "Ouais, y'en a !"

Les ingrédients

Pour 15 personnes

Pour les boulets
- 1 kg de porc
- 1,5 kg de veau
- 4 gousses d’ail
- 4 œufs
- mie de pain essorée ou chapelure
- persil haché
- farine
- sel, poivre




Pour la sauce
- huile d’olive
- oignons
- 4 gousses d’ail
- tomates pelées (ou 10 tomates fraîches)
- 40 cl de vin blanc
- 40 cl d’eau
- 5 feuilles de laurier
- origan séché
- 1 capsule de safran
- 4 guindillas (piments d’espelette)
- sel, poivre
- sucre
La recette

Les albondigas (petites boulettes de viande à l’espagnole) à l’instar de Me Jacques, c’est un peu la résurgence des métiers disparus de la restauration à cause de l’américanisation galopante de celle-ci et de son corollaire inévitable : la mécanisation à outrance. Il a donc fallu faire appel à nos connaissances ancestrales. Ainsi, Gilbert la Malaxe a utilisé ses compétences pour le mélange de la farce. Puis, José et Benoît, les rôleus* d’boulets, sont intervenus. Et, last but not least, David le Secoueur a terminé le façonnement des albondigas.

Les albondigas sont, en quelque sorte, les petites sœurs éloignées des boulets de chez Lequet. Ils ont donc la taille d’un cochonnet ou, pour ceux qui ne connaissent pas la pétanque, à peu près la taille d’une burne humaine adulte qui serait ronde et non ovoïde (+ 20 gr.).

Pour la farce, il faut incorporer aux viandes les gousses d’ail, idéalement pressées auparavant, les œufs amoureusement battus, le persil haché et la mie de pain (voir Trucs & astuces) ou, à défaut, la chapelure. On y ajoute les oignons hachés finement et le persil haché. Saler et poivrer. Malaxer le tout. Ensuite, comme préconise Marc Veyrat, même s’il s’agit d’un plat que l’on a déjà fait des centaines de fois, goûter le mélange est un passage obligé avant la cuisson. Rectifier l’assaisonnement si nécessaire.

Façonner les albondigas en utilisant comme quantité de référence une cuillère à soupe rase de la farce. Les fariner abondamment.

Ensuite, préparer la sauce. Pour ce faire, faire revenir les oignons hachés dans de l’huile d’olive. Ajouter l’ail haché. Faire revenir et déglacer avec le vin blanc et l’eau. Laisser réduire environ 10 minutes puis ajouter les tomates pelées écrasées. Ajouter le laurier, les guindillas, le safran, l’origan, un peu de sucre (pour diminuer l’acidité des tomates). Saler et poivrer. Goûter et rectifier si nécessaire. Laisser cuire à couvert pendant 20 minutes.

Pendant ce temps, saisir les albondigas dans de l’huile d’olive. Une fois saisies, les incorporer à la sauce et cuire le tout à petit feu pendant 15 minutes à découvert.

On servira les albondigas couvertes de sauce, avec une pincée d’origan, accompagnées de frites à l’ancienne et d’une salade vinaigrette.

* = rouleurs (en wallon)

Trucs & astuces

- On doit idéalement préparer le mélange de hachis le jour avant.
- Plutôt que d’utiliser de la chapelure, on peut utiliser de la mie de pain durcie que l’on ramollira dans du lait et que l’on essorera ensuite avant de l’incorporer à la farce.
- La saisie des albondigas permet à celles-ci de ne pas se décomposer pendant la cuisson dans la sauce.
- Après manipulation des guindillas, il est IMPÉRATIF de bien se laver les mains ainsi que les instruments qui ont servi car ces piments sont très irritants au contact des yeux.



mardi 28 août 2007

Tel le Phénix, on renaît plusieurs fois sur une vie.

J'ai emménagé dans cet appartement à une période où je m'étais laissé entraîner vers le fond, par amour.

Psychologiquement, c'était une période noire, très noire où j'alternais déprime profonde et euphorie paroxystique. Du coup, les murs, les plafonds, les sols, les vitres, ... tout s'est imprégné de ces flux négatifs que je développais et qui me poussaient toujours un peu plus loin. C'est l'époque de la dévalorisation, des idées noires. C'est celle où on chatouille la mort, pensant qu'il ne reste plus qu'elle à vous vouloir du bien. Après tout, autant en finir !

Mais l'être humain est fondamentalement homéostasique. En son for intérieur se joue un combat dont on sous-estime souvent la portée : la vie se bat comme un beau diable pour reprendre voix au chapitre. Elle ne vainc pas toujours mais gagne la plupart de ses combats*.

Cette lutte, c'est l'époque où on se cherche. Les déprimes sont moins profondes, les euphories deviennent des moments où l'on se sent simplement bien. C'est le temps où j'ai voulu faire du "mens sana in corpore sano" la règle absolue de ma vie. Je me suis donc mis à forger mon corps en soulevant de la fonte. Je me suis mis à lire tous azimuts. Et, question boulot, je me suis encore un peu plus impliqué dans le projet du moment (voir colonne de gauche, en haut).

C'est le temps des découvertes, culturelles bien entendu, mais aussi et d'abord humaines. On refait un premier pas vers ses frères humains qui en même temps que nous vivent. Le début de la tête du Phénix point !

Une certaine blonde venait d'entrer dans le cercle de mes connaissances. Elle allait progressivement me transmettre sa philosophie de vie, résolument positive.

Pourtant, il manque encore quelque chose. Je n'étais pas satisfait de ma vie. J'étais trop à l'excès. Je cherchais à être ce que je ne suis fondamentalement pas : un être aseptisé. Corpore sano ne signifie pas tablettes de chocolat, quatre heures de sport par jour, nourriture sans calorie donc sans goût, pas d'alcool, ... . De même, mens sana n'impose pas d'adopter le feng shui, la lecture de livres rasoir, la quête d'une spiritualité absolue, ... .

Un anarchiste ne peut supporter les dictatures, a fortiori celles qu'il s'est lui-même imposées.

Alors, j'ai repris le chemin de l'épicurisme qui n'exclut ni de prendre soin de son corps, ni de prendre soin de son esprit. Que du contraire ! Le corps du Phénix était quasi reconstitué. Premier signe important, je me remettais à cuisiner et à dévorer des livres sur le sujet.

En passant, je conseille au lecteur "La nonna, la vita, la cucina" de Larissa Bertonasco (éditions La Joie de Lire).

Restait un dernier détail : sortir de cet appartement imprégné. C'est chose faite depuis peu (ce qui explique le peu de mouvements sur ce blog). Ici, les murs, les sols, les fenêtres, ... respirent le bonheur.

Le Phénix a décollé et vole avec tant d'énergie qu'il ne semble pas prêt de se poser pour faire son nid.



* L'entourage joue un rôle important et, pour ma part, il est une personne qui a joué un rôle majeur. Si elle lit ceci, elle devrait se reconnaître. Alors, merci !

jeudi 9 août 2007

A chimère, chimère et demi !

Je suis prêt à partir très vite
J'ai dépassé la limite
J'aimerais forger mon corps pour la casse
Pour cela, faudrait qu'je sois tenace
Et moins fadasse
Plus fou
Plus fort
Faire des tas d'efforts
Etre enfin ce que je ne suis pas
Un mec, un vrai, un gars
Une tablette de chocolat
Aux gros biscoteaux
Un super gars
Avec les dégâts
Avec les embarras
D'un plouc
Qui trinque...
(Liège, octobre 2002)

Deux jours après ce séjour à Paris. Que j'aime cette ville surveillée par personne.

Elle a été présente tout le voyage. Je l'ai imaginée dans Montréal en train de déguster moult pancakes nappés de sirop d'érable, de découvrir les immensités canadiennes, de de... . Je préfère pas tout savoir !
Elle me manque. Si seulement j'avais de la chance pour une fois. Si seulement le Diable me proposait un contrat. Je pourrais lui vendre mon âme pour elle, pour qu'elle soit mienne.

Allez, Méphistophélès, prête-moi ta plume que je signe ce pacte !
(Liège, juin 2004)

mercredi 8 août 2007

La guerre des pigeons

Ils ont lancé leurs premières attaques fin juillet dès potron minet. Deux beaux gros pigeons de ville roucoulant à bec déployé sur le balcon attenant à ma chambre. Il était manifeste que leur seule intention consistait à m'empêcher de goûter mes derniers instants de sommeil avant le boulot.

Au début, les attaques étaient éparses. Suivant les préceptes de Sun Tzu, ils testaient la capacité de réaction de l'ennemi. De mon côté, je répliquais d'une simple tape sur la tenture. Cela suffisait à les éloigner jusqu'au lendemain. Puis, petit à petit, les agressions se sont multipliées : plusieurs salves par matinée. La tape ne suffisait plus. J'ai dû recourir à l'ouverture brusque des tentures puis à celle de la fenêtre, puis la sortie sur le balcon... . L'escalade était lancée. La Guerre Colombophile Totale allait s'engager.


De simples trouble-sommeil, mes assaillants voulaient désormais occuper partie de mon territoire. Je l'ai compris quand j'ai vu l'un d'entre eux tenter de construire une base avancée dans un coin du balcon.

J'avais besoin d'une stratégie adéquate. Les volatiles ne sont pas seuls à lire Sun Tzu !

Impossible de les attaquer de front, le Colombidé est couard et profite de sa parfaite maîtrise de l'envol pour éviter toute confrontation directe. Il fallait attaquer quand ils me croyaient à cent lieues du champ de bataille.

C'est en pleine nuit que j'ai porté une double frappe chirurgicale (et sans dommages collatéraux). Vu l'état de leur torpeur, sûr qu'ils avaient dû faire des bacchanales d'enfer pensant la partie gagnée.

Muni de mon arrosoir à long bec, j'ai copieusement arrosé les piafs qui, brutalement sorti de leur sommeil, n'ont eu d'autres choix que de fuir.

Ce matin, ils n'ont pas troublé mon sommeil.

Je n'ai probablement gagné qu'une bataille et je reste sur mes gardes. Mais cette victoire est décisive : j'ai repris l'avantage.

lundi 30 juillet 2007

Mon Breton préféré !

Ce Breton exilé, ce guitariste déjanté, ce génial parolier, ce lesbien invétéré, chien fou sans collier et anar dévoyé, ne pouvait pas ne pas à un moment ou un autre figurer sur ce blog.
Fondateur avec Vévé, Hugues et Serge des Wanted, aujourd'hui dissolus, c'est dès les premières écoutes que ses compositions m'ont plu. Ses mots sont justes, ses formulations font mouche et ses solos de Gibson are really very good rock'n'roll.
Comme tous les chiens qui sentent la compagnie, il s'est décolliérisé, s'est quelque peu cherché, a même galéré. Et après avoir joué à l'Astragale, le voilà revenu en "Blondie" DeLuxe ! Et de ce que je sais, ça commence à marcher sérieux pour lui.

Alors, mon Breton, si tu lis ces lignes un jour, je n'ai qu'une chose à te dire :

vendredi 27 juillet 2007

Défaite vos idées sur l'anarchie

Je suis devenu pleinement anarchiste depuis l'âge de 19/20 ans.

Fils d'une catholique progressiste et d'un syndicaliste communiste, intéressé à la politique au sens noble du terme dès l'adolescence, j'aurais pu basculer pour l'une ou l'autre tendance. Mais c'était sans compter que mes parents, s'ils étaient de philosophies différentes, m'ont d'abord et avant tout appris à penser par moi-même. Vaguement tenté par les sirènes du communisme - c'était bien avant la chute du mur ! -, j'ai rapidement adopté l'état de libre penseur.

Passer de cet état à celui d'anarchiste ne nécessite aucun effort. En fait, pour moi, ce sont des synonymes. On pourrait nuancer en disant que le libre penseur au contraire de l'anarchiste ne se méfie pas forcément du pouvoir. Ergotement !

"L'anarchie, c'est l'ordre moins le pouvoir." (Léo Ferré)

Cette phrase de Léo est la réelle définition de l'anarchie. En effet, je suis toujours surpris de voir à quel point celles des dictionnaires sont connotées ou, à tout le moins, oublient d'ajouter aux nombreuses définitions une qui explicite clairement cette façon d'envisager le monde. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la définition du dictionnaire de l'Académie Française qui fait figure de référence. On ne décrit jamais l'anarchie que comme un synonyme de désordre alors que c'est tout le contraire.

Dans le même ordre d'idée, on s'ingénie à vouloir parler d'anarchisme. Il y a même une définition : "Doctrine politique ou attitude intellectuelle rejetant l'autorité de l'État et préconisant un individualisme absolu.". Quelle absurdité ! L'anarchisme, ça n'existe pas. Par définition, un anarchiste ne suit aucune doctrine. Il y a là malhonnêteté intellectuelle car c'est entretenir l'image largement connotée que l'anar est un égoïste qui est contre tout. Billevesée ! L'anar, c'est quelqu'un de forcément très concerné par le monde dans lequel il vit et préoccupé de le faire avancer. Quelqu'un qui est contre tout et ne s'occupe que de lui est un je-m'en-foutiste. Parlons donc plutôt de doctrine du je-m'en-foutisme et renvoyons l'anarchisme au rayon des inepties.

L'anarchie, c'est une façon de penser et d'aborder le monde et les relations humaines en se débarrassant de ce qui peut entraver, piéger, emprisonner la pensée. C'est aussi admettre une fois pour toute que le pouvoir figure au rang des assuétudes et ne peut donc jamais rester longtemps dans les mêmes mains. C'est accepter que si, personnellement, on reçoit du pouvoir, c'est pour une période déterminée et il est cessible à tout moment.

Quand on regarde la réalité, on est encore bien loin du compte. Ceux qui nous dirigent cherche le pouvoir pour le pouvoir. Ne leur en déplaise, ils ont beau nous asséner qu'ils sont à notre service, je ne peux plus les croire. Pour s'en convaincre, rien que le fait de constater qu'actuellement la politique est devenue un métier dans son plein sens du terme au point qu'on y fait carrière, qu'on se comporte en népotiste d'un temps que l'on pensait révolu ou encore qu'on cumule les postes au-delà de ce qui est humainement possible.

On ne reste pas en politique. On y passe apporter sa pierre à l'édifice puis on s'en va en laissant les autres y apporter la leur.

L'anarchie est donc tout sauf le désordre.

Et n'oubliez jamais que le drapeau noir, c'est encore un drapeau.

Libérez-vous des entraves, chassez tout le temp et en tous lieux vos idées réçues. Et par dessus tout, méfiez-vous du pouvoir.

Vous verrez, ça fait un bien fou.






mercredi 25 juillet 2007

Arno

Arno avec Benoît Poelvoorde m'apparaissent comme les meilleures illustrations du surréalisme belge. Pour bien prendre la mesure d'Arno, il faut l'entendre et le voir. Alors, avant que vous ne courriez le voir en concert, une interview trouvée sur www.evene.fr (ici).

mardi 24 juillet 2007

La Belgique expliquée à mes amis français

Je ne pouvais pas rester les bras ballants devant le dépit de mes amis français dès qu'ils essaient d'appréhender le fonctionnement de la Belgique. C'est pourtant d'une limpidité évidente même pour des républicains.

A la base, il y a 589 communes à la tête desquelles on trouve non pas un maire mais un bourgmestre/burgemeester/Bürgermeister selon la communauté où on se trouve (308 flamandes, 255 francophones, 7 germanophones et 19 pour la région de Bruxelles-Capitale). Hors Bruxelles-Capitale, ces communes sont réparties sur 10 provinces (5 en Flandre, 5 en Wallonie) avec la particularité pour la province de Liège qu'elle contient les 7 communes germanophones. A leur tête, on trouve les Gouverneurs qui ne sont pas élus mais fonctionnaires de l'Etat désignés par le Roi (idem pour les bourgmestres). Attention, le Roi est irresponsable. Ses actes n'ont aucune valeur s'ils ne sont pas contresignés par un Ministre qui s'en rend par là responsable. Dans la pratique, le Gouverneur est désigné politiquement sous l'autorité du Ministre de l'Intérieur.

Au-dessus de tout cela, l'Etat fédéral, les Communautés et les Régions.

Il ya trois Régions (flamande, wallonne, Bruxelles-Capitale) et trois communautés (flamande, française, germanophone). En Flandre, Communauté et Région ont été "fusionnées". Les cantons périmés - pardon! - rédimés forment la Communauté germanophone, + 70.000 habitants et 7 communes qui dépendent de la Région wallonne pour les matières qu'elle gère. Mais il vaut mieux éviter de dire à un germanophone qu'il est un wallon qui parle allemand sous peine de le fâcher.

La Communauté française couvre la Wallonie hors les communes germanophones et Bruxelles-Capitale qui est également dépendante de la Communauté flamande.

Autour de Bruxelles-capitale, 6 communes sont dites "à facilités". Késako ? Ce sont des communes situées en Flandre mais où résident une majorité de francophones et dans lesquelles ceux-ci peuvent obtenir les documents administratifs en français. Elles sont régulièrement l'objet de discussions car la Flandre voudrait supprimer ces facilités arguant du droit du sol : "Tu es en Flandre. T'as qu'à parler flamand!. Un peu simple comme raisonnement même s'il paraît naturel : imaginez que les Bretons disent la même chose. Moi, je dis qu'au 21e siècle, en Belgique, où que je me trouve, je devrais pouvoir obtenir les documents administratifs dans ma langue maternelle.

Enfin, l'Etat fédéral s'occupe de tout ce qui a trait à l'intérêt général des Belges. En juin, ont eu lieu les élections fédérales qui permettent de renouveler la Chambre et le Sénat. Attention : en Belgique, on n'élit pas directement le Premier Ministre, ni aucun autre d'ailleurs. C'est le Roi qui s'en charge mais à la suite d'un processus complexe qui tient compte des résultats des élections et d'un accord préalable entre les partis concernés sur le projet gouvernemental.

Vous l'aurez compris : dans les faits, la Belgique est une particratie !

Une dernière petite chose. On dit "Reine d'Angleterre" mais "Roi des Belges" car il ne règne pas sur le territoire mais sur les gens contrairement à la vieille avec ses affreux chapeaux.

C'est plus clair comme ça, non ? ;o)




lundi 23 juillet 2007

Aurore

Aurore est belle
Aurore est tendre
Aurore est douce
Aurore est sensuelle
Aurore est avenante
Aurore est intelligente
Aurore est sensible
Aurore aime la Beauté
Aurore aime la Nature
Aurore aime le Glamour
Aurore…
Se méfie de l’Amour
Alors Aurore s’acoquine avec des mecs
Des vrais, des durs
Tablettes de chocolat
Sourires ‘‘pepsodent’’
Machos même dans les dents
Esprits de gagneur
Surtout au lit
Narcissiques dégoulinants
Cynisme écœurant
Bref, des mecs
Qui resteront pas là perpèt’
Ainsi se protège-t-elle
De ce menteur qu’est l’Amour
Mais Aurore reste insatisfaite
Alors, elle compense
Au hasard des rencontres
Même si elle croit davantage au destin
Elle se lie d’amitié
Avec un genre beaucoup moins bien gaulé
Mais Aurore fait mal la différence
Se comporte avec incohérence
Sa raison l’égare
Lui fait dire amitié
En même temps
Regards trop tendres
Touchés de main trop sensuels
Diminutifs trop affectifs
Et même rouspétances de compagne
Lui en face, sensible
Avale tout ça
Puis est pris de malaise
En a marre de voir les Brad Pitt défiler
Et à chaque sortie la consoler
À chaque fois, ça lui coûte
À chaque fois, il doute
Il lui dit
Lui écrit
Elle se raidit
Se cambre sur sa rationalité
Se met à l’engueuler
A le soupçonner
De vouloir sciemment la blesser
Histoire que son malaise soit transféré
Il n’en peut plus
Il pourrait tout lui consacrer
Elle s’obstine à croire qu’il est Jeckill
Et envoie LE texto
‘‘Suis triste de cette situation. Prenons un peu de distance pour l’instant.’’
Pas dupe !
C’est du provisoire définitif
Fin de l’histoire
Je vais boire…

vendredi 20 juillet 2007

Cerné par les Catherine…

Aux hasards des rencontres, je dois de compter parmi les personnes que j’apprécie trois Catherine aux personnalités fortes, très différentes et valant la peine d’être connues.

Bien entendu, ce type de Catherine ne se nomme jamais Catherine, prénom évoquant un sérieux et une sévérité d’institutrice revêche qui ferait fuir le plus discipliné des 1e de classe. Non, elles recourent au diminutif qu’elles écrivent Cathie ou Cathy, le trilinguisme belge préférant le i grec au ie républicain. Sans doute le manque de soleil au nord explique-t-il cette attirance pour ce pays méditerranéen à moins que ce ne soit la douceur de vivre hellénique qui plaise aux liégeoises…

Le hasard – toujours lui ! – a voulu qu’on puisse les décliner de Cathie la Noire à Cathy la Blonde en passant par Cathy la Brune ou inversement.

Cathie la Noire, yeux noirs, sang hispanique dans les veines, un talent d’écriture (maintenant mis à disposition de la communauté, voir à gauche de cet écran), rêveuse et passionnée de ce qui rend le moment beau (un beau paysage ensoleillé, le bleu émeraude autour de Saint Malo, le bar de l’Univers, une belle peinture, une belle sculpture, …), et, last but not least, fan inconditionnelle de Bernard Lavilliers. C’est ce qui l’a conduit à faire connaissance avec la Belgique, ce pays du nord où elle ne vient qu’équipée de moufles et de pulls en laine qu’elle ne trouve qu’avec peine là où elle vit. Sa ville est belle et respire le bien vivre. Elle a beau être au nord du sud, moi, je dis qu’elle y est bien, au sud, n’en déplaise aux provençaux. Ceci dit, y aller exige une maîtrise de soi exemplaire puisqu’il faut laisser l’Alsace à gauche, ne pas s’arrêter à Gevrey Chambertin, Nuits-Saint-Georges, Pommard, Meursault, Chassagne-Montrachet, Mercurey, éviter le Mâconnais et sauter le Beaujolais.

Cathie la Brune, yeux bleus sur peau de bronze que doivent lui envier les adeptes du carpet‑bronzing et autres UV addicts, un air parfois un brin sévère qu’un sourire fait immédiatement oublier. Avec son regard qui fixe sans fixer, elle a parfois l’air d’être ailleurs, enfouie dans ses pensées et bien loin de nos prosaïques préoccupations (‘‘Cathy, tu mettras deux bières, s’il-te-plaît !’’). Peut-être est-elle dans son carnet de voyage, elle qui a parcouru partie de ce continent d’où vient toute la musique qui bouge ? Et quand elle est avec la Blonde, aïe aïe aïe, ça va rigoler, bouger, remuer, danser… santé !

Et puis il y a Cathy la Blonde. ‘‘Quel mec, cette fille !‘‘, s’exclame-t-on parfois en la voyant. Pourtant, rien, résolument rien, dans sa plastique ne peut faire douter de sa féminité. Alors à quoi doit-on cette exclamation ? Peut-être à son côté brut de décoffrage. Avec elle, on sait toujours où on est et jusqu’où ne pas aller. Épicurienne jusqu’au boutisme, elle bannit tout ce qui pourrait faire que la vita non è bella.

Redoutablement efficace à la barre de la Veuve Folle pleine à craquer ce soir-là, elle a réussi à nous servir champagne à foison pour notre plus grand plaisir… Quand je disais qu’elle aime les bonnes choses ! Et si vous la croisez yeux pétillants, pommettes rosées et grand sourire, vous êtes partis pour une franche tranche de rigolade et d’amusement.


NDLA - On l’aura compris : cette description, c’est ma façon à moi de les voir. Certains esprits chagrins m’accuseront d’enjoliver les personnages ou de ne voir que ce que je veux bien. Ils auront raison mais je m’en tape. Comme dit la Noire : j’écris ce que je veux.

jeudi 19 juillet 2007

Philippe Djian

C'est un auteur que j'apprécie particulièrement. Je l'ai découvert au travers de l'adaptation au cinéma de son roman 37°2 le matin, ce film qui me plonge à chaque fois dans un voyage intérieur - presqu'autistique - de 20/30 minutes après chaque vision, et aussi au travers des chansons écrites pour Stéphane Eicher (notamment "Pas d'ami comme toi" sur Engelberg). Aujourd'hui, c'est Doggy Bag (saison 4) avec ses personnages toujours à la fois si normaux côté pile et si déjantés côté face.

En passant, il y a dans le personnage de Betty (37°2) beaucoup de ressemblance avec celui de Jill de Bilal ("La femme piège"), déjà de par son nom Betty Blue...

Ci-dessous, un texte fort amusant sur la femme de 40 ans.

Elle est la baleine blanche

Prenez Marguerite Duras. Que j'aimais beaucoup. Eh bien, il y a sans doute un point sur lequel le critique de «l'Express» et moi pouvons tomber d'accord: sexuellement, la pauvre n'éveillait plus rien en nous. Il n'y a donc pas que l'intelligence. Et même s'il était arrivé à Marguerite d'écrire bien mieux que lui et moi réunis, vous ne nous ferez pas revenir là-dessus.

Il n'y a pas que la jeunesse non plus. La fraîcheur, la fermeté des tissus, ça va bien un mo-ment. J'ai le même problème avec le yaourt nature. J'ai cessé d'en manger un beau jour, et j'ai cessé de fréquenter des filles de 20ans par la même occasion, et depuis belle lurette. Je me contente de les accrocher aux murs de mon bureau pour l'égayer un peu.

A une époque, je vivais avec deux filles de 20ans. Aujourd'hui, j'en ai une de 40.
Ni l'intelligence ni la jeunesse n'y peuvent quelque chose. Imaginez une fusée envoyée dans l'espace. Une gerbe de feu.

Quand je dis ça, je ne parle pas d'un engin du dernier cri ni d'un sous-marin russe, mais j'évoque une mécanique bien huilée, qui a fait ses preuves, et dont le cerveau tourne à plein régime. Quelques impacts sur la carlingue d'une machine rodée aux petits oignons n'ont tué personne. En fait, le seul problème avec une femme de 40ans, c'est qu'elle n'a plus rien à perdre et que l'on ne sait jamais ce qui peut lui passer par la tête. Parfois, elle ne répond plus.

Je me mets à sa place.

Il y a une plage de sable fin entre deux falaises de granit, d'éboulis, d'escarpements rocheux. Entre le moment où l'on ne réfléchit pas assez et celui où l'on réfléchit trop. Quand elle en est là, je vous conseille de changer de trottoir. Elle serait fichue de vous demander des trucs. De l'étonner. De vous remuer, de changer cette vie de merde. D'aller prendre je ne sais quoi pour baiser à mort pendant une semaine. Et encore ça, c'est possible, elle a des tours dans son sac. D'avoir du respect. De placer la barre encore plus haut. De pimenter la sauce. De vous remuer, de changer cette vie de merde.

On se demande si on a assez de ses deux bras et de ses deux jambes pour tenir le rythme. On passe des nuits les yeux grands ouverts, à se demander d'où elle vient, si elle a mangé du cheval, si on a les couilles nécessaires pour faire face ou si on ne ferait pas mieux de l'enfermer en attendant qu'elle se calme. La mettre dans un zoo pour venir l'admirer sans trop s'approcher des barreaux, s'en méfier comme d'une fleur vénéneuse et mettre son malheureux fils en garde: «Tu vois, ce genre de femmes, il faut y faire hyper gaffe!... Elles sont capables de tout. D'ailleurs, pourquoi tu crois qu'on les tient à l'écart? T'as envie de voir le pays sens dessus dessous?... Et même, t'as envie de te remettre toutes les cinq minutes en question?...»

On est prévenu. Pour aller dans les décors, il faut le faire exprès. Et au-delà? Suffit-il qu'elle vous encourage? Si elle vous disait de vous tuer, vous le feriez? Qu'en pense le pape? Qu'en pensent les philosophes? Qu'en pensent les présidents, les industriels, les banquiers? Une femme de 40ans est-elle dans son état normal?

Elle est comme Moby Dick, la baleine blanche, tâchant de nous entraîner vers les profondeurs. Empruntant des routes inconnues. Saccageant nos carrières, nos plans de retraite, nos maisons de campagne. Vous lui donnez le doigt et elle vous arrache le bras tout entier. Vous la baratinez et elle vous rit au nez. Vous la voulez et vous ne l'aurez jamais. Elle est la baleine blanche. Celle dont vous avez toujours rêvé. «Oh! paysages infinis de l'âme toujours verdoyants, en vous les hommes peuvent encore se rouler comme de jeunes poulains dans le trèfle nouveau du matin...»

Mais c'est de notre faute.
On a la femme de 40 ans qu'on mérite.

Philippe Djian. (Ce texte est paru initialement dans Le Nouvel Observateur, n°1643, 02/051996)

mardi 17 juillet 2007

Corto (au hasard des pérégrinations sur le Net)


Bienvenue

Voilà, moi aussi, je me mets au blog.

Faut dire qu'à lire Cathie, voir les dessins de Pascal, lire les commentaires de Myha, de Gambit, de Monsieur Takeshi dont je me demande si c'est la pudeur orientale qui le fait ainsi vouvoyer Cathie ;o), aller jeter un oeil au blog de Vévé drum... Ca pousse au crime.

Alors, pour débuter, un texte plutôt connu mais qui a pris un sens particulier pour moi depuis un événement personnel de fin 2006 : If de Rudyard Kipling. La traduction (qui est en fait plutôt une interprétation) est de Paul Eluard.

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,

Rêver, mais sans laisser le rêve être ton maître,

Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu sais être bon, si tu sais être sage

Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis

Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un homme, mon fils.