Je plains le temps de ma jeunesse (extrait)
Bien sait, si j'eusse étudié
Du temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes moeurs dédiés,
J'eusse maison et couche molle.
Mais quoi ! Je fuyais l'école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
A peu que le coeur ne me fend.
Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie
Car ou soies porteur de bulles,
Pipeur ou hasardeur de dez,
Tailleur de faulx coings, tu te brusles,
Comme ceulx qui sont eschaudez,
Traistres parjurs, de foy vuydez;
Soies larron, ravis ou pilles:
Où en va l'acquest, que cuidez?
Tout aux tavernes et aux filles.
Ryme, raille, cymballe, luttes,
Comme fol, fainctif, eshontez;
Farce, broulle, joue des fleustes;
Fais, es villes et es citez,
Farces, jeux et moralitez;
Gaigne au berlanc, au glic, aux quilles.
Aussi bien va -- or escoutez --
Tout aux tavernes et aux filles.
De telz ordures te reculles;
Laboure, fauche champs et prez;
Sers et pense chevaulx et mulles;
S'aucunement tu n'es lettrez;
Assez auras, se prens en grez.
Mais se chanvre broyes ou tilles,
Ne tens ton labour qu'as ouvrez
Tout aux tavernes et aux filles.
Chausses, pourpoins esguilletez,
Robes, et toutes voz drappilles,
Ains que vous fassiez pis, portez
Tout aux tavernes et aux filles.
Bien sait, si j'eusse étudié
Du temps de ma jeunesse folle
Et à bonnes moeurs dédiés,
J'eusse maison et couche molle.
Mais quoi ! Je fuyais l'école,
Comme fait le mauvais enfant.
En écrivant cette parole,
A peu que le coeur ne me fend.
Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaise vie
Car ou soies porteur de bulles,
Pipeur ou hasardeur de dez,
Tailleur de faulx coings, tu te brusles,
Comme ceulx qui sont eschaudez,
Traistres parjurs, de foy vuydez;
Soies larron, ravis ou pilles:
Où en va l'acquest, que cuidez?
Tout aux tavernes et aux filles.
Ryme, raille, cymballe, luttes,
Comme fol, fainctif, eshontez;
Farce, broulle, joue des fleustes;
Fais, es villes et es citez,
Farces, jeux et moralitez;
Gaigne au berlanc, au glic, aux quilles.
Aussi bien va -- or escoutez --
Tout aux tavernes et aux filles.
De telz ordures te reculles;
Laboure, fauche champs et prez;
Sers et pense chevaulx et mulles;
S'aucunement tu n'es lettrez;
Assez auras, se prens en grez.
Mais se chanvre broyes ou tilles,
Ne tens ton labour qu'as ouvrez
Tout aux tavernes et aux filles.
Chausses, pourpoins esguilletez,
Robes, et toutes voz drappilles,
Ains que vous fassiez pis, portez
Tout aux tavernes et aux filles.
1 commentaire:
Ah ce tendre Villon, toujours rime entre fesse et facétie :-)
Enregistrer un commentaire